La présidente du Conseil départemental de Lot-et-Garonne écrit au Premier ministre


20 décembre 2024 - 854 vues

Monsieur le Premier Ministre,

Permettez-moi, tout d’abord, de vous adresser mes félicitations républicaines pour votre nomination. La mission qui vous incombe est immense. Comme j’ai pu le faire auprès de votre prédécesseur, je tenais à vous alerter dès aujourd’hui sur l’urgence de la situation pour l’ensemble des départements de France.

Si je ne méconnais pas les difficultés immédiates du contexte budgétaire actuel, je souhaite vous faire part de ma plus vive inquiétude quant aux dispositions contenues dans le premier Projet de Loi de finances, qui impactaient directement les collectivités locales.

Partisan convaincu de la décentralisation, vous avez plaidé à de maintes reprises en faveur de davantage d’autonomie locale. Faire porter aujourd’hui la responsabilité de la dette nationale sur les collectivités anéantirait à coup sûr cette ambition.

C’est pourquoi j’en appelle à votre expérience d’élu local dans les territoires ruraux pour que le Conseil départemental de Lot-et-Garonne et plus largement l’ensemble des départements du territoire national ne soient pas sacrifiés sur l’autel d’une situation financière dont ils ne sont que les victimes.

A l’heure où les budgets 2025 sont en cours de finalisation, le moment est gravissime et les décisions qui seront prises vont obérer notre avenir commun si elles devaient être conformes aux prémices de ce projet de loi de finances 2025 effacé par l’utilisation du 49.3 puis par la motion de censure qui en a résulté.

A cet effet, vous trouverez en pièce jointe à ce courrier un rappel des impayés de l’Etat pour le seul Lot-et-Garonne. En raison de l’absence de compensation des dépenses assurées pour le compte de l’Etat, la facture s’élève pour le Lot-et-Garonne à 365 millions d’€ depuis 2017, soit 60 M€ à régler dès 2025 en y ajoutant les mesures imposées et non concertées.

Dans le sillage du Président de Départements de France François Sauvadet, comme l’ensemble de mes homologues présidents de conseils départementaux, j’ai rappelé dans les dernières semaines que cette ponction dans les budgets des Départements serait un coup d’arrêt fatal pour les politiques publiques que nous menons, sans oublier ses incidences sur le tissu économique local et pour l’ensemble des partenaires institutionnels des collectivités locales. Le Conseil départemental de Lot-et-Garonne reste en 2024 le premier investisseur public sur son territoire.

Si le projet de loi de finances (PLF) dont vous avez désormais la responsabilité devait être conforme au précédent, il signerait la fin de l’ensemble des initiatives qui sont menées dans les départements ruraux comme le Lot-et-Garonne au titre de la solidarité, du soutien aux pouvoir d’achat des familles et aux personnes fragilisées par la vie.

Des pans entiers de nos actions publiques au quotidien en direction des Lot-et-Garonnais seraient mis à mal en 2025, qu’il s’agisse du soutien aux associations sportives et culturelles, aux communes et EPCI et plus généralement à l’ensemble des acteurs que nous soutenons dans leur volonté de faire vivre notre ruralité dans le Sud-Ouest et de la rendre attractive.

Je vous rejoins pleinement quand vous affirmez que nous sommes, ensemble, « dans la dernière station avant la falaise. » Je compte sur vous pour que les départements de France et les collectivités locales n’y tombent pas.

Sophie BORDERIE

Présidente du Conseil départemental

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