À Condom, l’État poursuit un chantier France Travail… sur un bâtiment jamais payé.
Condom (Gers), octobre 2025
Nous, plusieurs PME gersoises du bâtiment (BÂTI C GERS, DIEUZAIDE TP, ROTGE BÂTIMENT, CUNHA et CASTERA), tirons la sonnette d’alarme : nous avons travaillé sur le chantier du futur bâtiment France Travail à Condom (32100), et nous restons aujourd’hui impayés.
Le projet s’articule en deux étapes :
Depuis la défaillance du groupe ESSOR, nos factures liées à la phase 1 sont bloquées chez le mandataire judiciaire, sans garantie d’être un jour réglées.
Les montants impayés atteignent :
Aujourd’hui, l’ensemble des travaux de gros œuvre et des corps d’état secondaires sont réalisés :
VRD, maçonnerie, couverture, charpente, menuiseries intérieures, climatisations, doublages, cloisons et faux plafonds tout est en place.
Et pourtant, les entreprises locales qui ont bâti ce bâtiment sont toujours dans l’attente de paiement.
Pendant ce temps, France Travail poursuit les travaux publics de la phase 2, et les ouvriers peignent sur nos cloisons jamais réglées.
Un nouvel acquéreur est annoncé, mais rien ne garantit que nos créances seront reprises.
Sans décision rapide, des entreprises locales risquent la fermeture pure et simple, et près d’une centaine d’emplois sont directement menacés.
Et l’ironie est cruelle : sous un chantier France Travail, des salariés pourraient perdre leur emploi, puis revenir sur ce même chantier… en tant qu’allocataires du chômage.
Quant aux gérants de ces PME, eux n’auront même pas droit au chômage ils risquent de tout perdre personnellement, après avoir investi des années de travail dans ce projet.
Lors d’une réunion tenue à la Préfecture du Gers, le Préfet a demandé à France Travail de se positionner afin que le bail de location du futur repreneur comporte une clause stipulant que toutes les dettes antérieures soient soldées dans le cadre du rachat du bâtiment.
Malgré cette demande claire de l’État, aucune garantie écrite ni engagement formel n’ont été fournis à ce jour.
Dans un article paru le 15 septembre sur La Tribune des Entreprises, la direction du groupe ESSOR affirmait que “ce redressement judiciaire est l’occasion de réinventer le groupe”.
Mais sur le terrain, pendant qu’ils se réinventent, c’est nous qu’ils enterrent.
Leur « renaissance » se fait nos factures impayées et sur le cadavre de nos entreprises.
Pour nous, entreprises locales sous-traitantes, ce redressement rime plutôt avec asphyxie :
« Pendant qu’eux se réinventent, nous, on coule. »
Nous jugeons inadmissible que France Travail cautionne une telle situation, en laissant avancer un chantier public sur des bases impayées.
Aujourd’hui, nous ne demandons pas de la charité, on demande de la justice et une juste redevance des choses car nous nous sentons abandonnés.
Après avoir bâti de nos mains ce bâtiment à destination publique, nous attendons désormais que l’Etat et France Travail fassent ce qu’ils prêchent : tendre la main à ceux qui travaillent car à ce stade il est question de survie.
Nous sommes épaulés par la Fédération Française du Bâtiment (FFB) et soutenus par plusieurs élus locaux, dont le député du Gers David TAUPIAC, mobilisés à nos côtés pour faire respecter les droits des entreprises locales et défendre l’emploi dans le département.